Kiki et Thérèse Treize… (7ème épisode)
En effet, ce fut la grande complice de Kiki.
Je pense qu’il serait judicieux de vous en dire davantage pour mieux apprécier
la complicité de ce duo.
Thérèse Maure est née à Paris en 1900 de parents savoyards.
Après son brevet élémentaire, elle fréquente le cours de gymnastique de Georges Hébert,
père de l’ “hébertisme”, qui prône un idéal classique du corps et de l’esprit.
Elle reste ensuite au cours d’Hébert pour enseigner.
Photo parue dans L’Illustration en août 1919
Treize fut monitrice dans un camp d’Hébert, près de Deauville.
Dans un article de l’Illustration du 30 Août 1919 on en parle sur le nom :
“Un collège d’athlètes féminins”
Dans une brochure publiée au début des années vingt et intitulée “La Palestra” :
Camp d’entraînement pour jeunes filles de 15 à 21 ans.
Fondé et dirigé par M. Georges Hébert, ancien lieutenant de vaisseau, on voit le vaste terrain du camp et des jeunes filles en tunique à la grecque s’exerçant: boxe, lancer du javelot, danse, gymnastique…
Thérèse est une fille solide, intelligente, péremptoire, une “encyclopédie” vivante
selon certains, une pragmatique.
Il lui arrive d’aller à la Rotonde avec Siria, un danseur mexicain du cours d’Hébert,
qui étudie le ballet avec un émigré russe de Montparnasse.
Finalement, elle décide d’abandonner Hébert et de monter son propre cours de gymnastique dans ce quartier.
Préférant la vie de bohème, elle renonce aux règles strictes de la morale bourgeoise
et lorsque Desnos l’appelle “Thérèse Treize”,
elle adopte immédiatement ce surnom, qui lui assure l’anonymat.
“La libération des femmes après la guerre n’était pas politique mais instinctive,
explique Zinah Pichard, qui vint toute jeune à Montparnasse vers 1928.
Chacun recherchait le plaisir. Les femmes avaient commencé à se libérer pendant la guerre
en assumant le rôle des hommes, de même après la guerre, en raison du manque d’hommes.
Il était important de quitter sa famille – Thérèse, par exemple, qui a pris le nom de Treize pour que ses parents ne sachent rien. On allait les voir, mais ils ne savaient rien de ce qui se passait !”
D’après Greta Knutson, vivre ensemble sans se marier n’allait pas sans problèmes
“Les gens avaient une mentalité bourgeoise et il fallait se marier
Si on vivait ensemble, un beau jour cela se savait.”
Thérèse rencontre Robert Desnos peu après son retour du service militaire en 1922.
De mai 1921 à mars 1922, Desnos fut cantonné à Fès, au Maroc.
Après avoir longtemps flirté avec les écrivains dadaïstes, il s’est rendu compte que ses idées sur la poésie sont proches de celles de Breton sur le subconscient, les états du rêve et l’écriture automatique.
Plongé dans un sommeil hypnotique, Desnos peut composer des poèmes ou
répondre d’une manière sibylline à des questions de l’assistance, ce qui fait de lui une star du mouvement surréaliste.
Desnos dans une de ses transes hypnotiques où il composait de la poésie.
En octobre, il publie ses premiers “poèmes-rêves” dans Littérature, la revue de Breton.
Le numéro de décembre contient le message télépathique
que lui a envoyé Rrose Sélavy (Marcel Duchamp) de New York
Quelques surréalistes dans un parc d’attractions.
De gauche à droite : André Breton, Robert Desnos, un inconnu, Simone Breton, Paul Eluard, Gala Eluard, Philippe Soupault et Max Ernst.
En 1922, Treize fête le 14 juillet avec des artistes russes.
Elle aperçoit, devant la Rotonde, une jolie fille qui danse et éclate d’un rire communicatif, arborant un chapeau surmonté d’une grosse grappe de cerises.
Elles font connaissance et, malgré leurs tempéraments très différents,
Kiki et Treize deviennent inséparables.
Kiki et Treize, au centre de ce document, lors d’un bal d’artistes à Montparnasse.
Souvent, au commencement de la soirée, tout le monde se rassemblait pour “la photo”
Kiki fait rire Treize, tandis que Treize la prend sous son aile protectrice.
“C’est elle aussi qui, le lendemain, me dit que, dans ma biture de la veille, j’ai donné au moins vingt rendez-vous.
Treize et moi, nous ne faisons qu’un !
S’il y en a une de nous deux à qui il arrive quelque chose, on partage ça,
même les coups de poing à donner ou à recevoir !”
D’un naturel doux et timide, Desnos préfère aller au café et s’asseoir
dans un coin pour écrire des poèmes sur la nappe en papier.
Mais quand il est en colère, il devient bagarreur, ce qui se termine souvent pour lui
par un oeil au beurre noir.
Treize, qui a étudié l’art de la savate au cours Hébert, essaie de lui donner des conseils. Finalement, Desnos va s’amouracher d’elle, mais il se montre maladroit.
Ils auront une brève liaison, qui se soldera par un échec.
Pourtant, ils resteront bons amis.
Parmis les liaisons de Treize (dont nous reparlerons au cours des rencontres ultérieures…)
Il y eu également Per Krohg qui peignit plusieurs portraits de Treize
Ces deux tableaux ont été exposés à la galerie Pierre, en mai 1925
Les textes sont largement inspirés de Billy Klüver & Julie Martin & Kiki de Montparnasse.